Habitante de Bobigny, j’ai la chance d’être en contact avec plusieurs milieux et plusieurs cultures. Depuis l’entrée à l’école de mon aînée, la question de la femme couplée à celle de citoyenne a pris en moi une dimension sociale et sociétale. Pourquoi il n’y a presque que des mères aux sorties des écoles du 93 ? Pourquoi ici les femmes sont invariablement renvoyées à leur image de nourricières ? Pourquoi ce sont les femmes qui portent les stigmates de l’oppression ? Pourquoi n’utilisent-elles pas leurs droits (la contraception, l’avortement, le travail…) ?
Actions
en territoire
La Kesta est implantée en Seine-Saint-Denis. La compagnie y conduit des actions de territoire soutenues par le département et/ou par la ville de Bobigny.
Les 40 ans du Procès de Bobigny
L’histoire a commencé par une passerelle bleue répondant au doux prénom de Marie-Claire. Cette passerelle me conduit de mon quartier pavillonnaire situé derrière le tribunal de Bobigny au terminus de la ligne 5 du métro. Marie-Claire est le prénom de la jeune fille que Gisèle Halimi défendit au procès de Bobigny.
J’ai interrogé furtivement autour de moi, et j’ai compris que le long combat de nos mères est aujourd’hui percuté de plein fouet par les mêmes démons que dénonçait Gisèle Halimi il y a quarante ans. L’absolue nécessité de devoir tout réaffirmer m’a sauté à la gorge.
Alors j’ai rassemblé pour cette première aventure des amateur·trice·s et des professionnel·le·s.
Les répétitions ont été le lieu d’échanges sur la condition des femmes et les expériences personnelles de chacun·e.
Lors de la reprise du Procès de Bobigny, j’ai proposé de travailler avec des jeunes formé·e·s au Conservatoire de Bobigny et de Pantin, en atelier d’écriture sur le sujet.
Dans le cadre des Premières Journées du Matrimoine en Seine Saint Denis, pour la 3ème reprise du spectacle, nous avons fait lien avec la disparition de Simone Veil.
Le lien entre l’équipe professionnelle qui joue chacune des représentations et les habitant·e·s impliqué·e·s ponctuellement sur le spectacle a permis d’enrichir chacune des trois variantes du Procès de Bobigny que j’ai mis en scène.
Les Premières Journées du Matrimoine en Seine-Saint-Denis
Militante féministe, attachée à la visibilité des femmes, Mylène Bonnet a proposé au département dans lequel elle vit de s’engager dans des actions de valorisation des œuvres de femmes.
La Seine-Saint-Denis est un département pionnier en matière d’engagement pour les droits des femmes et la reconnaissance de leurs travaux. Nous avons donc pu proposer des actions de mise en valeur du Matrimoine Séquano-Dyonisien.
La première année, Lydia Boukhirane et May Bouhada ont proposé une visite chorégraphiée de la cité de la Pièce Pointue au Blanc Mesnil. La cité a été conçue par l’architecte Iwona Buczkowska pionnière de la construction bois. Une série d’œuvres vidéo réalisées par des femmes a été proposée par le Bureau des Arts Visuels pour accompagner la conférence « Comment agir pour faire connaître notre Matrimoine ». Le Procès de Bobigny concluait ces premières Journées du Matrimoine en Seine-Saint-Denis.
La deuxième année, Lydia Boukhirane et Céline Gayon ont proposé une visite chorégraphiée de la cité de la Maladrerie à Aubervilliers. La cité a été conçue par l’architecte Renée Gailhoustet pionnière des habitations végétalisées. Une série d’œuvres vidéo réalisées par des femmes a été proposée par le Bureau des Arts Visuels pour accompagner le workshop sur la figure de l’Amazone rassemblant historienne, artistes et chercheuse en littérature. Un documentaire sur la résistante Paulette Sarcey a clôt la soirée.
Les Amazones du Matrimoine | Résidence artistique en conservatoire
Pour monter Les Amazones, une tragédie de 1749, Mylène Bonnet a choisi de rendre réelle la pression des guerrières Amazones en constituant un choeur omniprésent et actif.
Le travail de recherche, de construction et d’écriture de ce chœur a été fait dans le cadre de la résidence Les Amazones du Matrimoine dans les Conservatoires de Bobigny et de Pantin soutenue par le département de SSD. Cette résidence a proposé aux élèves un travail de deux ans en danse, peinture, théâtre, musique assistée par ordinateur, percussions…
Parallèlement à ce travail de recherche, la résidence Les Amazones du Matrimoine a invité les enseignant·e·s à redécouvrir les œuvres des femmes que ce soit en musique, en théâtre, en peinture ou en danse dans le but de se constituer un matrimoine et de le transmettre aux élèves.
Un cycle de conférences et des outils de travail ont été proposés pour accompagner les professeurs dans cette démarche.
Enseignant·e·s, élèves, chercheur·se·s et artistes ont travaillé ensemble sur ce thème pendant deux ans avec plusieurs rendez-vous ouverts au public.
Portraits Croisés | Figure Libre
Portraits Croisés s’est adressé à un public de primo-arrivant·e·s non francophones fréquentant les centres sociaux de Bondy.
La volonté de départ a été de travailler sur leur place dans leur ville et faire résonner l’intime et le collectif, d’interroger leurs rapports aux infrastructures culturelles et de les amener à pousser la porte de lieux artistiques qu’il·elle·s ne s’autorisaient pas à investir.
Après quelques mois dédiés à d’expression corporelle et vocale avec Lydia Boukhirane et Céline Gayon « les apprenant·e·s » ont construit ensemble un texte à partir de questions simples. Réussir à se comprendre quand on n’a pas de langue commune est un défi en soi.
L’expérience nous a permis de nous rendre compte que lorsque l’apprentissage de la culture sort d’un cadre scolaire, il est démystifié et plus accessible. La culture n’est plus une somme d’informations à retenir mais elle est ancrée dans le corps de chacun·e, dans la vie et dans le regard sur la ville.
L’expérience nous a montré que pour obtenir de la part du public, a fortiori en grande fragilité, un accès à l’intimité et pouvoir la mettre au plateau, le temps est un facteur essentiel.
Il est nécessaire à la construction d’un rapport de confiance, indispensable à la confidence, indispensable à la mise en jeu.
Pas à pas, il·elle·s ont vu leur fragilité, leur ténacité et leur audace pouvoir devenir une forme artistique : à partir de leurs réponses aux questions simples, de leur transcription dans un français approximatif, nous avons fabriqué une installation plastique et sonore.
Ateliers en milieu scolaire | MC93
Mylène Bonnet construit avec les élèves un spectacle qu’il·elle·s écrivent au plateau sur un thème convenu en accord avec la professeure encadrante.
Atelier théâtre au collège République de Bobigny
2021 Création d’un atelier théâtre.
Thème retenu : la maladie , style : la comédie
Classe découverte à l’école Eugène Varlin de Bobigny
– classe de CM2
2020 La situation de confinement a conduit Mylène Bonnet à faire une proposition en ligne aux élèves « le théâtre dans ma bulle »
Écriture et réalisation d’une web tv
Ateliers théâtre au Collège Jean Renoir de Bondy
2019 We Can Be Heroes sur les héro·ïne·s
2018 Ombre Toi Même sur la différence garçon fille
2017 La Marche des Rêves sur les migrant·e·s