Les Amazones

Nous avons essayé de voir comment nous pourrions concrètement atteindre le socialisme, la liberté et l’égalité. Comment pourrions-nous partir de nous-mêmes pour réaliser ces principes dans notre propre vie.

Sakine Canciz

Les Amazones, un peuple de guerrières, viennent de remporter une bataille sur les Scythes. Héros solitaire, Thésée le Grec, hypnotisé par la bravoure et la beauté d’une Amazone, s’est jeté dans cette bataille. Il est fait prisonnier et selon les lois des Amazones, promis au sacrifice. Cependant la reine Orithie tarde à exécuter le héros. Les Amazones ignorent que la reine, comme la princesse Antiope est ébranlée par le charme de Thésée. Les lois des Amazones sont en danger, la menace d’un renversement du pouvoir gronde.

Note d’intention

Bien que décrite dans le texte original, la pression du peuple n’est pas figurée par des personnages. J’ai donc choisi d’adjoindre aux protagonistes une armée d’Amazones contemporaines et ainsi de transformer la nature de la tragédie classique en rendant visible ce qui est traditionnellement invisible. Ce chœur de guerrières est omniprésent agissant et menaçant pour les cheffes. Les Amazones ont souffert, elles ont perdu des camarades au combat mais elles ont gagné la bataille. Lourdes de tout cela, elles veulent rentrer chez elles. Mais la sentence d’Orithie, récompense de leur courage, tarde à être prononcée. Les Scythes, bien que vaincus, restent massés autour du quartier militaire. La pression permanente des guerrières harassées mais victorieuses est concrète. Elles sont là, condamnées à attendre que les cheffes décident. Elles espèrent le retour, la récompense, les draps propres et le plaisir. Et c’est long. La décision tarde. La tension monte. L’ennemi est dehors et dedans.

Mylène Bonnet – metteuse en scène

Note d’écriture

Ce dialogue n’aurait pu se faire sans tout un travail de recherche pour m’approprier la question de la perte de la mémoire du mythe des Amazones qui me semblait essentiel. Cette histoire ne m’a pas été transmise… Voilà mon moteur : non seulement la question de la guerre, et de la terreur infligée aux femmes dans les combats, la question du viol de guerre, du tribut (qui est ici renversé par Anne-Marie du Boccage pour qui Thésée devient le tribut), mais aussi la situation de l’injustice liée à l’oubli ; à l’oubli des combattantes : encore aujourd’hui, cette situation est de sinistre actualité si l’on pense aux combattantes kurdes abandonnées…

May Bouhada – autrice adaptatrice

Extraits

Disparais! Toi ! Hors de tout, de toi ! Toi à terre, hors de ton corps ! Ta mort ! Et avec quelle impatience, je te souhaite mort ! Te contempler, toi, comme, comme un sac, une outre vide, toi à terre !

là, tu supplies, et là, tu nous inondes de tes pleurs, et là, tu ramasses doucement ta carapace qui pourtant est souillée du sang de nos sœurs, et tu la lustres, et tu la lècherais presque pour la faire briller, et tu espères, et pourquoi ? : oh ! Thésée ! Oh ! Toi ! Tu nous exhortes à la raison… Oh toi ! / Toi, le héros dont la carapace brille, encore un peu humide ! Toi qui toujours a semé la terreur partout, pour gagner ta place de héros : qui, de nous, ou de toi, est le plus grand des monstres ? Nous ? Nous ?

Oui, oh ! Miracle ! Oui, nous sommes des monstres ! Mais qui, de nous ou de toi, est le plus horrible des monstres ? Toi !

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d’infos

Création

La Ferme de Bel Ebat – Théâtre de Guyancourt / Le Prisme – Elancourt, Janvier 2020 Production la Kestakaboche / Coproduction Sur le Pont avec le soutien de du Département de la Seine-Saint-Denis.

Générique

Tragédie contemporaine d’Anne-Marie du Boccage et May Bouhada
Mise en scène : Mylène Bonnet
Dramaturgie : May Bouhada
Lumières : Jean-Michel Wartner,
Son : Gilles Léveque
Costumes : Mina Ly
Vidéo : Guaritoto Gonzalez
Avec : Fatima Soualhia-Manet, Lola Guiton, Yumi Fujimori, Cyril Gueï, Lisa Colin, Véronique Widock et Mylène Bonnet et la participation de Stéphane Dausse
Crédit photos : Mina Ly